Crise autistique et comportement défi : comprendre pour mieux agir

Sommaire

Une crise autistique et un comportement défi, est-ce le même concept ? Si vous êtes parent, proche ou professionnel accompagnant une personne autiste, vous avez probablement déjà été confronté à des moments de grande difficulté, parfois déroutants et éprouvants. Imaginez un monde où chaque bruit est une agression, chaque lumière une douleur, et chaque changement une montagne infranchissable. C’est parfois le quotidien des personnes autistes, et c’est dans ce contexte que naissent les crises autistiques et les comportements difficiles, souvent mal interprété et source d’immense détresse pour tous. Ces réactions intenses ne doivent pas être confondues avec de la mauvaise volonté, mais en réalité, l’expression d’une souffrance intense, d’un appel à l’aide que nous devons apprendre à décrypter. Comprendre ces manifestations est essentiel pour pouvoir apporter un soutien adéquat.

Comment calmer un autiste en crise ? Comment se comporter avec un autiste avec un comportement difficile ? Quelle est la différence entre crise autistique et colère adulte ? Dans cet article, nous allons explorer en profondeur la nature des crises autistiques et des comportements défis dans l’autisme (comportements difficiles), afin de démystifier ces phénomènes souvent mal compris. Nous visons à apporter une vision éclairée et bienveillante, qui permettra aux familles et aux professionnels de mieux appréhender ces situations.

Notre objectif est de fournir des pistes d’action concrètes et des conseils pratiques pour aider non seulement les personnes autistes, mais aussi leur entourage. En favorisant la compréhension et la bienveillance, nous espérons créer un environnement où chacun peut évoluer harmonieusement, dans le respect et la valorisation des différences.

Crise autistique et comportements défis : c’est quoi au juste ?

Imaginez que notre cerveau est comme un ordinateur très performant. Pour la plupart des gens, cet ordinateur gère bien les informations : il les trie, les classe, et nous permet de comprendre et d’agir.

Pour une personne autiste, cet « ordinateur » fonctionne un peu différemment. Il est très puissant pour certaines choses, mais il peut être facilement surchargé ou avoir du mal à comprendre ce qui n’est pas logique ou clair.

C’est là que surviennent les difficultés.

Crise d’autisme : quand l’ordinateur s’emballe ou s’éteint

Une crise autistique, c’est un peu comme si l’ordinateur de la personne autiste plantait ou se mettait en veille forcée parce qu’il reçoit trop d’informations. Ou simplement qu’il ne parvient plus à gérer ce qui se passe en elle et autour d’elle.

Un autiste en crise réagit de manière intense et involontaire. C’est une réaction physiologique et neurologique à une surcharge (sensorielle, émotionnelle, cognitive ou sociale).

  • Ce n’est PAS un CAPRICE ou de la mauvaise volonté. La personne ne le fait pas exprès. Elle ne contrôle plus rien. Elle est vraiment en détresse.
  • Les causes ? Trop de bruit, trop de lumière, un changement inattendu, une grande frustration, de l’anxiété extrême, ou simplement ne pas comprendre ce qu’on attend d’elle. C’est le « TROP-PLEIN » !

Comment se manifeste une crise d’autisme ?

Il existe principalement deux grandes sortes de crises autistiques :

  • La personne s’emporte

Certaines personnes autistes peuvent crier, hurler, pleurer très fort, se taper, se frapper la tête. D’autres peuvent se mordre, se griffer, se tirer les cheveux, se jeter par terre, taper les autres, jeter des objets, pousser autrui… C’est une réaction très visible et parfois effrayante, mais c’est un signe de panique et de surcharge. C’est un état de détresse profonde, une perte de contrôle qui peut être vécue comme une attaque de panique par l’individu. C’est l’explosion, l’effondrement ou « Meltdown ». La personne autiste est submergée et incapable de réguler ses émotions ou ses comportements.

Manifestation d’une crise autistique
  • La personne s’isole

L’isolation n’est pas un cas isolé. La personne atteinte du trouble autistique peut devenir muette, éviter le contact visuel ou regarder dans le vide. Il arrive qu’elle se cache, fugue, reste immobile ou se balance. Parfois, elle augmente les mouvements répétitifs (flapping) ou cherche des nourritures de façon permanente… C’est une façon de se protéger quand l’ordinateur « s’éteint » pour ne pas surchauffer. C’est une forme de crise plus discrète, moins visible mais tout aussi douloureuse et dévastatrice pour la personne qui la vit. C’est une réaction « implosive » où la personne se retire et se déconnecte de son environnement :le repli, l’implosion ou « Shutdown ».

NB : après un meltdown, la personne TSA peut faire un shutdown

Quelle est la différence entre une « crise de colère » et un « caprice » ?

Quand quelqu’un fait un caprice ou une crise de colère « normale », il y a souvent une idée derrière : obtenir quelque chose, tester une limite. La personne peut souvent arrêter si elle veut ou si on lui dit « non » fermement.

Pendant une crise autistique, la personne n’est plus du tout en contrôle. Elle est débordée. C’est comme si le système était en panne. On ne peut pas la raisonner ou la punir ; il faut l’aider à retrouver le calme et la sécurité.

Bon à savoir : les crises autistiques ont lieu à tout âge.

Derrière chaque comportement difficile d’une personne autiste se cache une raison, une tentative de communiquer un besoin, une douleur ou une surcharge. Mais comment décrypter ces signaux quand ils se manifestent par des cris, de l’agitation ou de l’isolement ? Cet article vous offre des clés pour comprendre et apaiser ces situations complexes.

Le comportement défis dans l’autisme (comportement difficile) : quand la personne TSA essaie de communiquer à sa manière

Un comportement difficile, c’est une action (comme hurler souvent, se taper la tête, refuser de faire quelque chose, détruire des objets) qui pose un problème. Soit à la personne elle-même, soit à son entourage. Ledit comportement autistique est « culturellement anormal » d’une intensité, fréquence ou durée telle que la sécurité physique de la personne ou d’autrui est mise sérieusement en danger.

Autisme et frustration : il y a TOUJOURS une raison derrière !

C’est une forme de communication, même si elle n’est pas comprise tout de suite. La personne TSA essaie de dire quelque chose avec ses gestes parce qu’elle ne peut pas le dire avec des mots ou d’une autre manière.

Pourquoi ces comportements inhabituels ?

Les comportements défis chez la personne avec TSA sont en fait une forme de communication. Ils surviennent souvent lorsque l’enfant veut :

  • Obtenir quelque chose : attirer l’attention, avoir un objet qu’elle veut, faire une activité qu’elle aime.
  • Éviter quelque chose : ne pas faire une tâche qu’elle n’aime pas, échapper à une situation qui l’angoisse (trop de monde, trop de bruit, changement d’environnement ou de routine).
  • Se calmer : se stimuler (comme se balancer, faire des mouvements répétitifs) pour se sentir mieux ou gérer ses sensations.
  • Dire qu’elle a mal : quand elle ne peut pas dire qu’elle a faim, qu’elle est fatiguée ou qu’elle a une douleur (niveau élevé d’anxiété et d’angoisse).

Le lien entre les deux ?

Un comportement défi peut apparaître pendant une crise autistique, car la personne TSA est tellement submergée qu’elle agit de manière difficile. Mais on peut aussi avoir des comportements difficiles sans être en pleine crise, juste parce que la personne essaie de communiquer un besoin de manière inadaptée.

Comment calmer un autiste en crise ? Actions concrètes et conseils pratiques

Comment se comporter face à une personne TSA en crise (crise autistique) ?

Agir AVANT pour prévenir

La prévention est la stratégie la plus efficace pour faire face aux comportements défis dans l’autisme. Le but est de réduire le risque de surcharge.

Créer un environnement sécurisé et prévisible

  • Utiliser des aides visuelles

Mettez en place un emploi du temps imagé (avec des pictogrammes ou des photos) pour chaque jour. Cela aide la personne TSA à anticiper et à comprendre ce qui va se passer.

  • Prévenir les changements

Si un changement de routine est inévitable, vous devez l’annoncer en avance, si possible avec des visuels (ex : « Demain, nous irons chez le docteur » avec la photo du docteur et l’emploi du temps).

  • Aménager un « espace de décompression »

Créez un coin calme à la maison, à l’école ou dans un lieu de travail. Cet endroit doit être un lieu de confort pour l’autiste en crise, pas une punition. Il peut contenir des objets apaisants (couverture lestée, coussins, casque anti-bruit, objets à manipuler).

Comprendre et gérer les particularités sensorielles

Identifiez les « triggers ». Notez ce qui semble déclencher les difficultés (bruits forts, lumières vives, certaines odeurs, le contact physique…). Une fois identifiés, vous pouvez les éviter ou préparer la personne à les affronter.

Utilisez des outils de régulation pour :

  • l’ouïe : casque anti-bruit, boules Quies.
  • la vue : lunettes de soleil, réduction de l’éclairage.
  • le toucher : vêtements confortables sans coutures irritantes, objets à manipuler (balle anti-stress, fidgets).
  • la pression : coussins ou couvertures lestées, pressions profondes (si la personne l’apprécie).

Simplifier la communication et les attentes

  • Parler simplement et concrètement : utilisez des phrases courtes. Évitez les doubles sens, le sarcasme ou les expressions imagées. Dites exactement ce que vous voulez.
  • Utiliser le soutien visuel : accompagnez la parole d’un geste, d’une image, ou d’un pictogramme pour renforcer la compréhension.
  • Décomposer les tâches : pour une tâche complexe (ex : faire la vaisselle), divisez-la en petites étapes faciles à suivre.

Comment gérer défis comportementaux de l’autisme PENDANT la crise autistique ?

En cas de crise autistique, il est essentiel de rester calme et d’intervenir avec douceur et sans précipitation. En effet, l’objectif est d’assurer la sécurité de l’enfant TSA et de ramener le calme, pas de « punir » ou de « raisonner ».

Ce qu’il ne faut pas faire avec un autiste en pleine crise

  • Ne pas paniquer : votre propre calme est contagieux. Une réaction excessive (crier, s’énerver) ne fera qu’aggraver la détresse de la personne.
  • Ne pas ignorer le danger : il est impératif de ne pas négliger les risques de blessure pour la personne ou pour les autres. Le fait de ne pas agir pour sécuriser l’environnement pourrait aggraver la situation.
  • Ne pas verbaliser à l’excès : pendant une crise autistique, le cerveau est en surcharge et ne peut pas traiter les mots. Parler trop ne fait qu’ajouter du stress. Utilisez des mots très simples et clairs si nécessaire, par exemple « calme-toi » ou « pas de danger ».

Réduire les stimulations

  • Chercher un lieu calme : conduisez ou guidez doucement votre enfant ou la personne TSA vers un endroit apaisant et isolé.
  • Réduire les facteurs de stress : baissez les lumières, éteignez la télévision ou la musique, réduisez le bruit.
  • Offrir des outils de réconfort : proposez un objet familier et apaisant (doudou, balle, couverture).

Ne pas forcer le contact ou le dialogue

  • Respecter l’espace : évitez de toucher la personne en crise TSA ou de la tenir fermement (sauf si c’est pour sa sécurité).
  • Ne pas négocier : il est inutile d’argumenter ou de tenter de raisonner. La personne n’est pas réceptive.

Comment se comporter avec un autiste après la crise ?

Le travail ne s’arrête pas une fois la crise autistique terminée. Tentez de comprendre ce qui s’est passé avec votre enfant ou de la personne atteinte de TSA (le « A-B-C » : Antécédent, Comportement, Conséquence).

Offrir un espace et un temps de récupération

  • Recharge et repos : l’enfant ou la personne TSA est souvent épuisée après une crise d’autisme. Accordez-lui du temps et de la tranquillité pour se reposer. L’encourager à boire de l’eau.
  • Ne pas revenir sur l’événement immédiatement : attendez que la personne soit complètement apaisée avant de discuter, si elle est en mesure de le faire.

Analyser la situation

Pour résoudre un problème de comportement défi autistique, la stratégie consiste à recueillir des éléments descriptifs du problème (décrire les antécédents, le comportement, les conséquences), puis à en faire l’analyse.

Rechercher la cause de la crise autistique

Une fois la personne TSA calmée, essayez de comprendre ce qui s’est passé. C’est l’étape la plus importante. Qu’est-ce qui a déclenché la crise autistique ? Était-ce la faim, le bruit, une consigne mal comprise ? Notez-le pour la prochaine fois.

Ajuster les stratégies

En fonction de votre analyse, modifiez l’environnement, l’emploi du temps ou votre façon de communiquer avec l’enfant TSA. Par exemple, si le bruit du supermarché a été le déclencheur, planifiez les courses à une heure moins achalandée ou donnez un casque anti-bruit.

Importance du soutien

Ne vous culpabilisez pas. Cherchez du soutien auprès de professionnels ou d’autres parents ou des groupes de soutien.

Burnout autistique, c’est quoi ?

Burn-out chez l’enfant atteint de TSA

Le burnout autistique est un état d’épuisement profond, bien plus grave qu’une simple fatigue, qui touche les personnes autistes après une longue période de stress chronique.

Il est principalement causé par l’effort constant pour s’adapter au monde des personnes non autistes, un processus appelé camouflage social. Cet effort permanent pour cacher ses traits autistiques, comprendre des codes sociaux complexes et gérer des surcharges sensorielles finit par vider complètement les ressources mentales et physiques de la personne.

AspectExplication du burnout autistique
Quoi ?État d’épuisement profond chez les personnes autistes.
Cause principaleStress chronique dû au camouflage social et à l’adaptation forcée.
Conséquence cléPerte de compétences : difficulté soudaine à parler, se concentrer ou accomplir des tâches quotidiennes.
Autres signesFatigue extrême, intolérance accrue au bruit/lumière, besoin d’isolement.
Différence avec dépressionRéaction spécifique à l’autisme, pas une simple dépression.
SolutionRepos profond + réduction des sources de stress pour récupérer.

Ce qui est spécifique au burnout autistique, c’est la perte de compétences : la personne peut soudainement avoir du mal à parler, à se concentrer ou à faire des tâches de la vie quotidienne qu’elle maîtrisait auparavant. Les signes incluent aussi une fatigue extrême, une tolérance réduite au bruit ou à la lumière, et un besoin accru de s’isoler.

En bref, c’est une réaction à un épuisement lié à l’autisme, et non une simple dépression. La seule façon de récupérer est de se reposer profondément et de réduire les sources de stress TSA pour recharger ses batteries.

Conclusion

En définitive, comprendre la nature profonde des crises autistiques et des comportements difficiles est le premier pas vers un accompagnement plus serein et efficace. Ces réactions ne sont pas de la mauvaise volonté, mais le signal d’une surcharge ou d’un besoin non exprimé. Comme nous l’avons vu précédemment, le cerveau autiste est comme un « ordinateur » qui peut facilement se trouver en panne face au « trop-plein ». Le meltdown et le shutdown en sont les manifestations, l’une explosive, l’autre implosive, mais toutes deux sont des signes de détresse profonde.

En reconnaissant que chaque comportement a une raison, nous pouvons nous éloigner des jugements et nous concentrer sur la prévention. En adaptant notre environnement, en simplifiant la communication et en apprenant à décoder les signaux, nous aidons la personne autiste à se sentir plus en sécurité. Les comportements défis sont gérables avec les bonnes stratégies.

En adoptant cette perspective bienveillante, nous pouvons créer un environnement où la différence est non seulement acceptée, mais aussi valorisée, améliorant ainsi la qualité de vie de chacun.

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